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Elendil
Elendil
Forgeur Vétéran
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Jeu 10 Déc 2015 - 10:43
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Dario parcourut du regard le vallon où se nichait le village de Dearg. La fraicheur qui saisit le musicien au sortir de la petite maison lui fit resserrer les pans de son manteau de laine. C’était une aube brumeuse de fin d’hiver, de celle dont on sent que le soleil va poindre derrière la couche de brume qui occulte le paysage. Mais c’était un soleil encore pale et frileux, qui n'attendait cependant qu’une occasion pour s’imposer et faire fondre les dernières traces de neige.

Ce charmant village minier de cinq cents habitants, où son clan itinérant avait trouvé refuge et avait été secouru durant ce rude hiver, dormait encore dans son lit de sombre brume. Mais les tarish avaient décidé de quitter le village ce matin, maintenant que l’arrivée du printemps s’amorçait. Il était temps pour eux. Au bout de ces quelques mois d’immobilisme forcé, ces gens du voyage sentaient que les villageois étaient à la limite de leur hospitalité. Eux aussi avaient souffert de cet hiver et, comme ils avaient partagé  leurs réserves de nourriture avec les réfugiés, elles étaient devenues très faibles et ils devaient se rationner. Des frictions de plus en plus fréquentes avaient lieu entre les nomades et les habitants de Dearg.
Dario avait hésité un instant à repartir avec son clan. Peu de temps avant leur arrivée à Dearg son épouse était morte en couches en donnant naissance à une petite fille, Kalyani. Il avait partagé sa peine avec Loriane, la jeune veuve qui l’hébergeait, et trouvé du réconfort auprès d’elle. Seule et sans enfant elle s’était prise d’affection pour le bébé et avait finalement partagé sa couche avec Dario. Un amour passionné était né entre ces deux amants si différents. Tant et si bien que le tarish avait parlé à l’opmano de la possibilité de rester ici.  Le chef avait convoqué les dats du clan et ils s’étaient réunis dans sa roulotte. Mais les vieux sages lui avaient fortement déconseillé de rester à Dearg. Dario était un lautari qui excellait à divers instruments, il ne pourrait jamais changer sa nature et devenir mineur, cultivateur ou éleveur. « Ne saute pas hors de ton ombre », lui rappelèrent-ils. Pour eux jamais le village ne l’accepterait, il ne trouverait pas sa place dans cette vallée et la nostalgie le détruirait, comme cela était déjà arrivé pour d’autres « Même si tu le nourris, le loup regarde toujours dehors ».

C’est pourquoi il se trouvait là ce matin, dans le froid humide et insidieux de la brume de cette fin d’hiver. Il avait discrètement quitté la douce chaleur du corps blotti au fond du lit et pris les quelques affaires qu’il avait pu préparer la veille sans éveiller les soupçons. Il n’aurait pas pu affronter le silence de la tristesse et de l’incompréhension de Loriane, la profondeur de ses yeux clairs. Il fallait qu’il disparaisse sans pouvoir être tenté de renoncer. De toute façon il ne laissait pas la jeune femme seule. Il abandonnait aussi Kalyani. Il avait pris cette décision seul, sans le clan. Le bébé serait accepté par les villageois, puisque la petite fille serait élevée parmi eux, et Loriane choyait le petit être comme si c’était son enfant. Les vurdons des Tarish, qui stationnaient depuis des mois autour de Dearg, immobilisés par la glace et la neige, se remirent en branle ce matin là et disparurent de la vallée encore endormie sans se retourner. Beaucoup de villageois qui avaient hébergé ces étrangers se réveillèrent dans un premier temps plutôt agréablement surpris de ne plus les voir, puis gênés de découvrir les menus cadeaux laissés par les nomades.

Loriane reporta en effet tout son amour sur Kalyani, mais ce que Dario n’avait pas envisagé c’est que la jeune veuve était enceinte. L’hiver suivant elle accoucha de deux petites filles, des jumelles, au teint sombre, aux cheveux noirs et aux yeux marron doré.

Bientôt, les gens de Dearg n’eurent plus de doutes sur l’origine des fillettes et le demorthen Loeg dut intervenir pour protéger les enfants et leur mère qui risquaient d’être victimes de la vindicte populaire, en plus du mépris et du rejet. Même si Loriane était veuve depuis longtemps, il lui fut amèrement reproché de s’être acoquinée avec un tarish, au lieu de s’unir avec un homme de la région, et on ne lui pardonna jamais vraiment cette aventure avec un nomade.

*************
Vers l’âge de cinq ans, comme Kalyani se mit à jouer de l’oud, Nirscha et Mirna reçurent chacune de leur mère un instrument de musique qui aurait appartenu à leur père. Nirscha un luth et Mirna une flûte. Les deux sœurs imitèrent leur ainée, se passionnèrent pour la musique et révélèrent un beau talent en la matière, quoique dans un style différent. Mais peu de temps plus tard Nirscha contracta une méchante fièvre qui dura de longs mois et la mena aux portes de la mort en l’affaiblissant considérablement. Devenue plus fragile et menue que sa sœur, elle devint réservée, parfois tourmentée. Elle ne trouvait un réel apaisement que dans la musique et rechignait à participer aux tâches communautaires. Si sa grande sœur et sa jumelle parvinrent à s’intégrer peu à peu en participant activement à la vie du village, avec leurs caractères sociables et bien trempés, ce fut plus difficile pour Nirscha. Elle apprit à jouer du luth dans un style plutôt calme et mélancolique, alors que les personnalités de ses sœurs se retrouvaient dans des compositions musicales entrainantes et passionnées, avec une préférence de Mirna pour le chant dans lequel sa voix se révéla puissante et sensuelle.
Les trois sœurs et leur mère vivaient en bordure du village. Certains parmi leurs camarades de cercle de jeux ou d’études les avaient très bien intégrées, cependant nombreux étaient ceux qui avaient souvent des attitudes et paroles blessantes. Mais c’était encore plus dur pour Kalyani, plus sombre, plus typée, plus tarish, que ses demi-sœurs.

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A l’âge de dix-sept ans, Kalyani était une très belle jeune fille exotique, dérangeante pour certains, sujet de fantasmes pour d’autres. De nombreux garçons du village avaient tenté leur chance, mais Kalyani les avaient tous fermement éconduit, toujours avec sa douceur et sa gentillesse habituelle. L’inclination de la jeune fille  allait à Eynn, le second fils du chef de Dearg, ils s’étaient toujours bien entendus. Eynn était l’opposé d’Eoghan, son frère ainé : réfléchi, posé, calme, attiré par les mystères et cherchant à comprendre les choses et les gens. Depuis leur plus jeune âge il avait toujours défendu la jeune tarish et ses deux sœurs contre ceux qui leur reprochaient d’être différentes. Au fil du temps il était devenu évident pour tous que leur amour ne faisait que grandir. Le père d’Eynn, Maorn, contrairement à la coutume, décida alors de se mêler du choix de son fils et de le convaincre de prendre comme épouse une jeune femme de leur peuple plutôt qu’une étrangère. Mais Eynn refusa de se laisser faire. Il s’ensuivit une période de tension au village. Les rares habitants qui avaient toléré la liaison entre les deux jeunes gens préféraient prendre leurs distances face à l’animosité déclarée de l’ansaileir et de son fils ainé envers cette relation.

Peu de temps après Kalyani disparu. La veille au soir la mère de la jeune femme s’était couchée tôt, comme à son accoutumée, sans s’inquiéter de l’absence de la tarish qui rentrait parfois à la nuit tombée. Mais au matin elle s’avisa à sa couche non défaite qu’elle n’était pas rentrée du tout. On la chercha dans le village, les champs, puis la vallée. Certains pensèrent l’avoir vu partir dans la forêt la veille, mais personne n’allait jamais dans la forêt. On cessa les recherches dans le courant de la journée, et même d’en parler. Elle n’était plus là, c’était tout, la vie continuait, les gens avaient d’autres choses à faire. Mais la mère adoptive de la tarish était inconsolable, les jumelles quant à elles n’imaginaient pas que leur sœur puisse ne pas revenir et Eynn refusa de renoncer à la chercher. Il s’indigna contre l’indifférence générale et tenta de faire poursuivre les recherches, en vain. Il envisagea tous les scénarios, de l’accident à la séquestration, de l’acte jaloux d’un prétendant éconduit à la fuite devant l’empressement d’un garçon mal intentionné, de l’enlèvement par des brigands à l’attaque d’un féon.

Cette tragédie rapprocha énormément les jumelles métisses et le jeune homme. Ils partageaient la même incompréhension et la même révolte face à l’indifférence et au fatalisme des villageois. Au bout de quelques jours ils décidèrent de partir à la recherche de Kalyani, dans la forêt, seuls, alors qu’aucun d’eux n’avait encore suivi l’entrainement adéquat dispensé par le service d’ost. Ils organisèrent leur expédition en toute discrétion et partirent à l’aube du jour suivant, en suivant les vagues indications qu’avaient fournis certains prétendus témoins. Les trois jeunes gens s’enfoncèrent dans une forêt dense, sombre, où n’existait que de très vagues sentiers et où il leur sembla que chaque arbre, chaque buisson, chaque rocher cachait un féon. Ils doutèrent très vite de leur réussite, voire de leur survie.
Ils retournèrent à la vallée en fin de journée, découragés, abattus de ne pas avoir trouvé la moindre trace de Kalyani. Pendant ce temps le village avait passé la journée dans l’affolement général de leur disparition et par conséquent ils furent lourdement sermonnés puis sanctionnés, afin que personne n’ait l’idée de recommencer.

Dans la vallée le nom de Kalyani fut oublié.

Mais Nirscha et Mirna n’oublièrent pas. De plus elles restèrent reconnaissantes envers Eynn de son attitude. Un lien s’était formé entre elles et le jeune homme, lien qui ne fut pas remis en cause, même quand Eynn remplaça Kalyani dans son cœur par Céliane, une jeune femme d’un village voisin.

Apparence & Personnalité :

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, âgées de vingt et un ans, les jumelles sont de belles métisses courtisées par les garçons du val, mais Nirscha ne trouve guère d’intérêt en leur compagnie. Le seul qui capte son attention est le jeune adepte du temple qui vit dans le monastère non loin de Dearg. Elle apprécie la discrétion du jeune homme et trouve sa présence apaisante. Mais même si elle aime la compagnie de Joris qu’elle trouve différent des autres garçons du val, elle ne se sent pas attirée par sa religion, pas plus que par le culte des esprits de la nature. En fait, Nirscha a du mal à croire en quelque chose et peine à donner un sens à sa vie. C’est une jeune femme songeuse, très différente de sa sœur, qui est vive et excentrique. Dotée d’une véritable sensibilité artistique, Nirscha passe beaucoup de temps à jouer de son luth qu’elle accompagne parfois de sa voix cristalline, empreinte de mélancolie. Mais au-delà de son côté contemplatif, c’est une jeune femme débrouillarde et inventive, qui demanda à faire son service d’ost, malgré son physique fragile, quand sa sœur, forte de ses compétences martiales, souhaita faire le sien à la forteresse de Smiorail.

Les deux sœurs aspirent en secret à voyager et à se faire une place dans des lieux plus prestigieux que Dearg. Nirscha pour sa part rêve de pouvoir partir explorer le monde et s’est mise en tête d’entrer un jour dans le cercle prestigieux des harpistes de Tri-Kazel, quand sa sœur rêve d’aller à Osta-Baille, se faire courtiser par la noblesse et la bourgeoisie.

Ses origines tarish interpellent beaucoup Nirscha et elle aimerait en apprendre plus à ce sujet, espérant secrètement que ses voyages la mettront sur le chemin de son père. Sa sœur jumelle ne comprend pas son insistance à en apprendre plus sur une culture qui n’a rien à voir avec leur vie à Dearg et l’a plus d’une fois exhortée à passer à autre chose, en vain.
Mirna quant-à elle utilise son charme pour gagner les faveurs des membres de la communauté – et la jalousie des autres filles de Dearg. Mais Nirscha sait bien que l’énergie, la séduction et l’entrain de Mirna, qui peuvent parfois se muer en exaltation, cachent une blessure profonde, une mélancolie, qui n’attendent que le moment propice pour s’épancher. Malgré les apparences les deux sœurs partagent de nombreux points communs.
Elles ont surtout gardé une rancœur cachée contre les habitants de leur village natal qui les ont si longtemps rejetées, leur mère, leur demi-sœur ainée et elles-mêmes.

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